Le présentateur : Pour les prochaines vingt-quatre heures, températures stationnaires. Une légère perturbation atmosphérique d’origine indéterminée est signalée au dessus de la mer d’Irlande, causant une zone de dépression se déplaçant assez rapidement sur le nord-est de l’Europole, entraînant un risque de pluie, accompagnée de vents forts à modérés. Température maximale : 18 degrés, température minimale : 8 degrés. Ce bulletin météo vous était présenté par le bureau de la clim-urb, une sous-section de l’Agence de la climatologie... Place au divertissement maintenant, avec Ramon Raquello et son orchestre que nous rejoignons dans la salle Méridien de l’hôtel Park Plaza situé au centre d’Alt-Bordeaux. (Thème musical sud-europolitain - anci-espagnol - s’estompant).
Troisième présentateur : Mesdames et Messieurs, bonsoir. Nous sommes en direct de la salle Méridien du Park Plaza à Alt-Bordeaux, d’où nous diffusons ce soir la musique de Ramon Raquello et son orchestre. C’est par un clin d’œil au sud de l’Europole que Ramon Raquillo va commencer cette soirée, avec La Cumparsita. (La musique débute).
Deuxième présentateur : Mesdames et Messieurs, nous interrompons notre programme de musique dansante pour vous communiquer une information des Nouvelles radio inter-titanopolitaines. A huit heures moins vingt, heure de l’Agence Centrale, le professeur Farrell, de l’observatoire du Pic du Midi, dans les Pyrénées, signale avoir observé plusieurs explosions de gaz incandescents, survenant à intervalles réguliers, sur la planète Mars. Le gaz a été identifié par le spectroscope comme étant de l’hydrogène se déplaçant en direction de la terre à une vitesse considérable. Le professeur Pierson de l’observatoire de Princeton confirme les observations de Farrell et décrit le phénomène comme un jet de flamme bleue provenant d’un canon. Retrouvons, maintenant, Ramon Raquello et sa musique depuis la salle Méridien de l’hôtel Park Plaza, situé dans le centre d’Alt-Bordeaux. (La musique joue un moment... puis applaudissements). Maintenant un air éternel, le toujours populaire Star Dust. Ramon Raquello et son orchestre... (Musique)
Deuxième présentateur : Mesdames et Messieurs, suite aux informations que nous avons données dans notre dernier bulletin, l’Agence des Etrangers a demandé aux grands observatoires europolitains de régler leurs lunettes astronomiques sur toute perturbation qui pourrait être observée sur la planète Mars. Compte tenu du caractère inhabituel de ces événements, l’éminent astronome, le professeur Pierson, a bien voulu nous accorder une interview afin de nous donner son point de vue sur la question. Dans quelques minutes, nous nous rendrons à l’observatoire d’Indus-Bordeaux, dans le bloc de Florac, dans l’Ouest de l’Europole, à quelques km de l’endroit d’où nous émettons. Mais en attendant, retrouvons Ramon Raquello et son orchestre. (Musique). Nous sommes en mesure maintenant de nous rendre à l’observatoire d’Indus-Bordeaux, bloc de FLorac, où Carl Phillips, notre reporter, va interroger le célèbre astronome, le professeur Richard Pierson. À vous Indus-Bordeaux, bloc de Florac... (Chambre de réverbération)
Phillips : Mesdames et Messieurs, bonsoir. Ici Carl Phillips qui vous parle depuis l’observatoire d’Indus-Bordeaux. Je me trouve actuellement dans une grande salle semi-circulaire, totalement obscure à l’exception de la mince fente du dôme. A travers cette fente j’aperçois un poudroiement d’étoiles qui jette à travers le mécanisme compliqué de l’immense télescope une faible lueur. Le son que vous entendez au second plan est le battement régulier du mécanisme du télescope. Le professeur Pierson est au-dessus de moi, juché sur un petit promontoire, d’où il scrute le ciel à travers une lentille géante. Je vous demande d’être patients, Mesdames et Messieurs, durant les retards qui pourraient survenir pendant notre interview. Outre son incessante observation des cieux, le professeur Pierson peut à tout moment être interrompu par le téléphone ou tout autre moyen de communication. Pendant la durée de notre entretien il restera en contact permanent avec les observatoires astronomiques du monde... Professeur, pouvons-nous commencer l’interview ?
Pierson : Quand vous voudrez, M. Philips.
Phillips : Professeur, voudriez-vous, s’il vous plaît, confier exactement à nos auditeurs ce que vous observez de la planète Mars à travers votre télescope ?
Pierson : Rien d’inhabituel pour l’instant, M. Phillips. Un disque rouge nageant dans une mer bleue. Striée de bandes transversales. Assez distinctes maintenant parce que Mars se trouve à l’heure actuelle à son point le plus proche de la terre... en opposition, comme nous disons
Phillips : Selon vous, que signifient ces bandes transversales, professeur Pierson ?
Pierson : Ce ne sont pas des canaux, je peux vous le certifier, M. Phillips, quoique ce soit là l’hypothèse courante de ceux qui imaginent Mars habitée. D’un strict point de vue scientifique, ces bandes sont simplement la conséquence de conditions atmosphériques particulières à la planète.
Phillips : Donc vous êtes à peu près convaincu, en tant que scientifique, qu’une intelligence vivante comme nous la connaissons n’existe pas sur Mars ?
Pierson : Pour être tout à fait exact, je devrais dire qu’il y a une chance sur un million.
Phillips : Et cependant, comment expliquez-vous que des irruptions de gaz aient pu survenir à intervalles réguliers à la surface de la planète ?
Pierson : M. Phillips, je ne peux les expliquer.
Phillips : A ce propos, professeur, pour satisfaire la curiosité de nos auditeurs peut-on préciser quelle est la distance nous séparant de la planète Mars ?
Pierson : Approximativement soixante-quatre millions de kilomètres.
Phillips : Eh bien, ça semble une distance assez confortable... Un instant, Mesdames et Messieurs, on vient juste d’apporter un message au professeur Pierson. Tandis qu’il en prend connaissance, laissez-moi vous rappeler que nous sommes en direct depuis l’observatoire d’Indus-Bordeaux, bloc de Florac, dans l’Ouest de l’Europole, d’où nous interrogeons l’astronome de réputation mondiale, le professeur Pierson... Un instant, je vous prie. Le professeur Pierson me communique le message qu’on vient de lui remettre... Professeur, puis-je donner lecture de ce message à nos auditeurs ?
Pierson : Certainement, M. Phillips.
Phillips : Mesdames et Messieurs, je vais vous lire un télégramme adressé au professeur Pierson par le Dr. Gray du bureau de la Validation Scientifique, section « Histoire naturelle », d’Indus-Bordeaux : « 21 h 15, heure de l’Europole. Sismographe enregistré secousse d’amplitude sismique à l’intérieur d’un rayon de 32km du centre d’Alt-Bordeaux. Merci entreprendre des recherches. Signé, Lloyd Gray, chef du département d’astronomie... » Professeur Pierson, est-ce que cet événement pourrait avoir un rapport avec les perturbations observées sur la planète Mars ?
Pierson : Difficilement, M. Phillips. Il s’agit vraisemblablement d’une météorite d’une taille inhabituelle, et que sa chute survienne à ce moment précis est une pure coïncidence. Cependant, nous allons entreprendre sa recherche, aussitôt que la lumière du jour le permettra. Phillips : Merci, Professeur. Mesdames et Messieurs, depuis dix minutes nous vous parlons depuis l’observatoire de Princeton, et vous avez pu entendre une interview du professeur Pierson, astronome de renom. Carl Phillips au micro. A vous les studios d’Alt-Bordeaux. (Musique de piano en fondu)